Plateau de Saclay, décembre 2022.
Accompagné de Antoine Chretien, ancien élève des lieux et nouveau membre de l’association, Brieg Guyon est invité à présenter le projet Jacques Cartier 2034 aux futurs ingénieurs de l’ENSTA (Ecolé Nationale Supérieure des Techniques Avancées).
Ces élèves sont attentifs et comprennent vite les enjeux techniques de notre projet. Voici le verbatim des questions posées en fin d’exposé.
Est-il prévu de recourir à des moyens de conception modernes (logiciels) ?
S’agissant d’une recréation, nous ne sommes pas tenus par des règles strictes d’authenticité. De plus, le navire devra se conformer à certaines exigences de classe. Il aura donc sa part de modernité, le tout sera de faire les concessions aux bons endroits. Nous avons défini une philosophie pour réaliser cet arbitrage : on peut tricher sur la méthode, les moyens, tant que l’on respecte le résultat. La conception par ordinateur aura donc toute sa place dans l’établissement des plans.
Pensez-vous que ce projet permettra de mettre au jour des techniques nouvelles, utilisables pour la construction de navires modernes ? Et autre questions, s’agit-il d’une démarche d’archéologie expérimentale ?
Oui, on apprendra en faisant. En fait, le projet est très similaire à la reconstruction du San Juan sur le chantier Albaola.
Combien y a-t-il d’adhérents dans l’association ?
Un noyau-dur de 15 personnes et une quarantaine d’inscrits en tout à ce jour.
Quelles sont les contraintes de classe pour un tel navire ?
Pour entreprendre un tel voyage en haute mer, le navire devra effectivement se conformer à des réglementations en matière de lutte contre l’incendie et d’évacuation des passagers. Il faudra bien analyser la réglementation SOLAS. Par exemple, il existe un seuil de 24 m de longueur de coque, au-delà duquel la réglementation change. Cela tombe bien, notre nouvelle Hermione sera plus petite !
Y aura-t-il un but scientifique à l’expédition en 2034 ? Combien de personnes à bord lors de cette traversée ?
Oui, il est très important de donner du sens à ce voyage. Au-delà du défi technique, il y a une composante éthique et culturelle qu’il ne faudra pas négliger, en particulier la relation avec les canadiens et les populations autochtones.
Combien de personnes à bord lors de cette traversée inaugurale ?
Probablement moins d’une trentaine, car la cale ne permettra pas d’accueillir beaucoup plus de monde. En fait, s’agissant d’un navire modernisé, huit personnes devraient suffire à le manœuvrer. Les autres seront des passagers. Le nombre place est limité, mais les membres de l’associations seront bien sûr prioritaires.
Est-il prévu de créer une activité de tourisme après la traversée de 2034 ?
C’est une association à but non-lucratif, donc il n’est pas prévu de faire une exploitation commerciale. D’ailleurs, de façon à limiter ses frais d’entretien, il pourrait être mis en exposition à sec. Ce n’est pas un sujet prioritaire, mais il est probable qu’il refasse surface lorsque nous chercherons à boucler des financements.
D’ailleurs, où en êtes-vous des financements ?
On est encore dans la phase de communication, l’enjeu des mois à venir sera justement de produire du concret.
Quelle place pour des bénévoles non-professionnels lors de la construction ?
Le travail de charpente nécessitera les compétences de gens de métiers. Mais nous aimerions pouvoir faire travailler des apprentis, des écoles, des personnes en recherche de réinsertion sociale.
Pourquoi se focaliser sur le bateau de la première expédition ?
En fait, ne connait pas beaucoup mieux les bateaux des expéditions suivantes. Par exemple, les plans de Grande Hermine ne sont pas d’époque, ils datent du XXe siècle. Pour autant, il est certainement plus intéressant de plancher sur les plan du premier navire, celui de la découverte du Canada.
Il y a une autre raison ; là où les deuxième et troisième expéditions étaient motivées par l’appât du gain et un esprit de colonialisme, la signification de la première est plus axée autour d’un esprit pionnier, avec une certaine candeur. Cet esprit pionnier, celui de l’exploration de l’inconnu va nourrir notre imaginaire d’ingénieur.